
Je rebondis à cet article de Novéthic qui évoque la révolte des livreurs à vélo (Déliveroo, Stuart, Uber eats) sur des modèles de travail à la tâche, faiblement rémunérés et dans une précarité d’emploi que l’on ne souhaite pour personne. Ce que l’article développe davantage et à juste titre c’est le rapport de force déséquilibré en faveur des plateformes qui a permis à Deliveroo par exemple de décider unilatéralement de revoir son modèle de rémunération des livreurs qu’ils soient d’accord ou non. Celui-ci correspond tout à fait aux étapes d’entrée sur un marché émergeant.
Etape 1 : gagner des parts et être présents
Lors de l’arrivée d’un opérateur dans un pays ou une ville, on paye les livreurs au temps d’alloué à l’activité notamment sur les bases d’attente car le business ne décolle pas encore. C’est à ce prix que l’on créé un service fondé sur l’offre. La plateforme doit assumer financièrement une situation déficitaire pour faire venir les livreurs. Les flux grossissent progressivement au rythme des signatures avec les clients (restaurants..) permettant aux livreurs une activité de plus en plus régulière.
Etape 2 : grossir et faire croitre les coûts moins vite que le CA
Les premières analyses de données constituées lors de l’étape 1, permette d’établir un modèle de rémunération au temps passé. Les temps d’attente ne sont plus payés mais la plateforme est suffisamment fournis en client pour que les attentes ne pèsent pas trop lourd sur l’agenda et la rémunération du livreur. A l’issue de cette étape, l’opérateur doit démontrer sa viabilité financière et sa capacité à grossir en gagnant de l’argent.
Etape 3 : l’adaptation
lorsque les objectifs de l’étape 2 ne sont pas atteints, on analyse à nouveau les données historiques, on projette de nouveaux modèles de rémunération livreur voir mais c’est plus compliqué de facturation aux clients pour trouver l’équilibre financier et le chemin des profits. C’est ce qui s’est passé ce mois d’aout 2019 où Deliveroo a annoncé qu’il paierait les courses en fonction de la distance sur le modèle petite /moyenne / grande course. Avec les barèmes proposés, les livreurs disent gagner moins sur les longues distances. Comme le coût qu’est prêt à payer un client est limité, cela signifie que la plateforme n’encourage plus les livreurs à servir les clients coute que coute surtout s’il est éloigné. On risque de voir apparaitre plus clairement en tant que client le décalage territorial entre l’offre et la demande car celui-ci ne sera plus compensé par les coursiers « long-coureurs ».
Pourquoi pas la coopérative?
Depuis quelques années, Coop-cycle développe une solution applicative de type plateforme en marque blanche qu’elle destine à des coopératives constituées de livreurs. Avantage ici :
- pas de changement de modèle sans majorité dans la coopérative, les bénéfices de la coopérative profite aux livreurs
- Coop-cycle est une association. Son objectif n’est pas de faire des profits par de couvrir ses coûts de R&D au sein de la fédération des coopératives qu’ils ont créé. C’est l’assurance d’acheter un logiciel au meilleur prix.
Alors, ma posture est peut être facile mais qu’est ce qui vous empêche, Messieurs les livreurs, de vous fédérer localement pour créer une coopérative et rentrer dans un modèle social plus équilibré.